$afia Bahmed-Schwartz – Eté

Des quatre saisons de $afia Bahmed-Schwartz, j’ai voulu explorer l’été parce que c’est d’elle que mon cœur desséché a désespérément besoin en ces journées glaciales. Les épreuves, le stress, les galères d’argent m’ont mis à sec, et jil me faut de la musique pour me rappeler tout ce qui m’irrigue : la chaleur du soleil sur ma peau, celle du sourire d’un-e adelphe sur mon âme, celle du rhum dans mes entrailles. L’été, la langueur des heures de joie peintes sur le bleu de l’océan, où la souffrance n’est plus qu’une ombre menaçante au coin du champ de vision.

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J’essaie d’écrire ce que je comprends, ce que je pense ou ce que je vis en écoutant ces chansons, mais je suis beaucoup trop occupé à ressentir. Je trouve ce que j’étais venu chercher : de la vie mise en musique. La vie n’a pas une structure couplet-refrain-couplet-refrain, elle ne rentre pas dans les critères qui permettent de définir tel ou tel sous-genre de rap. Partant de là, je ne suis pas sûr qu’essayer de décrie la musique de $afia en expliquant que les instrus sur lesquelles elle pose sont fortement inspirées par l’électro ou qu’elle dispose d’une large palette de flows des plus murmurés aux plus intenses aurait un quelconque intérêt.

La vie c’est des flashes d’image, des sensations qui se mélangent entre elles, des visions et des émotions auxquelles tu ne t’attendais pas mais qui s’imposent à toi. Comme dans une fête foraine, où les sens sont constamment surchargés, ou tout devient flou d’être trop intense.

Dans mes écouteurs, je regarde $afia bouger au milieu de ce flot de sensations, se gorger de tous les plaisirs qui passent à sa portée – le steak tartare, l’odeur de la fête, le sex on the beach, danser dehors sous le soleil couchant un verre de vin à la main, entouré-e de corps qui se libèrent. En été, la joie est trop pure pour qu’on se préoccupe des conséquences délétères que le murmure de la raison veut nous glisser à l’oreille. Ce qui compte, c’est de libérer le plus d’endorphines possible, de se laisser aller, de laisser tomber tout ce qu’on a dans les poches et dans le cœur quand le grand 8 fait son looping. Quand on danse au bord du précipice, on ne regarde pas le fond.

Pourtant, même quand la jouissance est à son paroxysme, flotte toujours l’ombre d’une peine – Sidi Sid et Radmo ne sont pas les seuls à chanter les larmes du soleil. La voix de $afia devient alors ce murmure inquiétant qui nous rappelle que le rollercoaster pourrait bien finir par s’effondrer

Il ne reste alors qu’à écouter la musique – on se perd dans la surcharge des sens, on se baigne dans le torrent d’images. Face à ce chaos de lumières de sons, de mélodies, de couleurs qui se mélangent, la seul façon de ne pas devenir fou – ou pire, banal – c’est de comprendre que ces lumières sont celles d’une fête.

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