CupcakKe – Ephorize

J’ai écouté Ephorize tout seul dans ma chambre, assis sur un fauteuil, et ce n’était clairement pas le bon endroit. C’est une bande son pour perdre tout contrôle dans un club (rendez nous les clubs), pour courir des kilomètres sans jamais manquer de souffle ou pour baiser jusqu’à ce que le soleil se lève.

Le rap de CupcakKe exsude une confiance en soi inébranlable, qu’elle arrive à communiquer à l’auditeurice au long de trois quarts d’heures de motivation music qui s’adresse avant tout aux meufs et aux queers. Je retiens en particulier le morceau « Crayons », un hymne de soutien à la communauté LGBT. Bien que la rappeuse ne cache par ailleurs pas son appétit pour le sexe hétéro (« I love the D, that’s my favorite letter »), elle envoie énormément d’amour aux queers, et leur offre cette petite dose de force et d’empowerment.

Le flow conquérant de la chicagoane, tout en accélérations et en explosions contenues me fait un peu penser à un Tech N9ne. Elle le pose sur des beats coloassaux aux influences house, dont les allures de marche militaire pour mener à la bataille une armée de drag queens pourraient soulever des stades si on lui en ouvrait les portes. Écouter cette musique grandiloquente fait se sentir plus grand-e que nature

C’est dans la manière dont CupcakKe parle de sexe que cet empowerment est le plus explicite. La rappeuse revendique son droit à un appétit sexuel démesuré et à prendre autant de plaisir qu’elle en donne. Les descriptions crues de bites et de chattes parsèment le disque – une vulgarité que la rappeuse porte en étendard, sans la moindre velléité de s’excuser ou d’édulcorer son propos – « Excuse my ratchet »). Elle montre le sexe féminin non pas comme un endroit voué à être possédé paassivement par un homme, mais comme un organe actif, vorace même, dont on peut se servir pour dominer (« I got the dick on lock like a fucking prisoner »).

C’est bien de reprendre le pouvoir qu’il est question. CupcakKe apparaît inarrêtable, lancée sur une route dont personne ne saurait la faire dévier – et certainement pas ses exs, qu’elle balaie d’un revers de la main sur « Exits ». L’album est mené tambour battant, et l’énergie ne retombe pas une seule seconde – pas même lorsqu’elle se lance dans l’introspection sur « Self-Interview ».

L’occasion de rappeler qu’elle vient de la même ville que Chief Keef, et qu’elle est capable d’exhaler la même aura de menace (« Meet and Greet »). Les relations amoureuses peuvent être un champ de bataille aussi brutal que les rues du Southside et dans les deux cas, CupcakKe ressort gagnante.

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